Jouer avec un PowerMac 8500 de 1996

Rétro-computing et Rétro-gaming sur Mac

A quoi jouiez-vous en 1996 ?

Etiez-vous plutôt micros ou console ?
Aviez-vous la chance d’avoir un ordinateur personnel ?


Je suis sûr que la plupart des gamers qui nous lisent se rassemblent autour de la console de jeux, même si certains d’entre vous, ont certainement eu un Amiga, un Atari, un Amstrad CPC ou autre PC.

A l’époque, lorsqu’on avait la chance d’avoir un Macintosh, Pouvez-t-on jouer avec ? Je sais ! Pas évident d’y répondre comme ça !


Comme, je le signalais auparavant, pour jouer en 96, la plupart des joueurs se tournaient vers les consoles, plus pratiques et assurément moins chers qu’un ordinateur personnel. Pourtant, à l’époque les micro-ordinateurs PC ou Macs commençaient à répondre à la demande des joueurs les plus exigeants et le catalogue de jeu était très important.

C’était une autre philosophie – c’est toujours le cas en 2018 – à l’opposée de celle des consoles. Une autre approche du gameplay, et souvent, très différent en fonction des architectures : PC, Amiga, Atari, Amstrad ou Mac.

Vous allez comprendre à quoi je veux en venir ! Durant les années 1995 à 1997, j’ai possédé – entre autres – un PowerMac 8500 et il ne me servait pas qu’au boulot ! En effet, il me servait aussi comme machine de jeu à mes heures perdues. Mais le plus dingue, c’est que je l’ai retrouvé au fond du grenier, intact. D’où l’idée de cet article.

Mais pouvez-t-on vraiment jouer avec cette machine ? Il me reste des souvenir assez mitigés sur le sujet. Alors pour répondre à cette question, j’ai décidé de vous entraîner vers les années 96, avec cette vieille machine et vous faire découvrir le jeu sous un autre angle ! En gros… un petite découverte de cet univers Mac très rétro !

Pour avoir un repère dans le temps et avant de commencer une quelconque présentation des jeux de ce micro d’un autre âge, qu’avions nous à l’époque côté console ? L’année 1996, c’est la naissance de la Nintendo 64 avec son Super Mario 64, c’est aussi la GameBoy Pocket et surtout l’omniprésence des NES, SuperNES, Sega, PS1, NeoGeo… j’en passe et des meilleures. Côté micro, il y avait aussi le choix. Bien entendu les PC, les Mac et autres micros ludiques comme les Apple II, Atari, Amiga ou encore Amstrad CPC. Des jeux comme Doom, TombRaider, Quake ou Myst étaient déjà présents. Le catalogue de jeux était riche de parts et d’autres !

Je vous propose une rapide présentation du PowerMac 8500, puisque c’est sur cette bécane que nous allons tenter de jouer !

Présentation

Le modèle 8500 est issu d’une longue lignée de PowerMac. Mis sur le marché en août 95, sa commercialisation fût arrêtée en février 1997. Les PowerMac d’Apple sont arrivés sur le marché de l’informatique en 94 avec le premier modèle PowerMac 6100 et rapidement de nouveaux modèles suivent avec les séries 5000, 7000, 8000 et 9000. Ils sont d’ailleurs directement concurrencés par la gamme grand public Performa – grosse erreur stratégique d’Apple – qui entraînera la société vers le déficit. Mais, ca ! C’est une autre histoire…

C’est ainsi que le PowerMac 6100 marque la fin des processeurs Motorola 68000 chez Apple et ainsi, de la gamme Macintosh du premier nom. Le PowerMac utilise un processeur 32 bits, développé en partenariat avec Motorola et IBM : Le PowerPC. C’est le même type de processeur que l’on retrouve dans la XBox 360 ou encore la WII U. Notez que fin 98, une autre gamme de PowerMac – plus performante – suivra avec la lignée des G3, des G4 et pour finir des merveilleux G5. Et c’est bien des années plus tard – en 2006 – que les processeurs INTEL apparaissent dans les Macs.


Le PowerMac 8500 est donc une machine 32 bits, qui utilise un bus SCSI pour ses périphériques – technologie empruntée aux serveurs de l’époque. Un vrai plus… Cette technologie était très fiable et permettait de chaîner jusqu’à 7 périphériques (disques durs, CDRom, scanners), et cela très simplement, alors que le système ATA IDE – utilisé par les PC Intel – était très limitatif, avec seulement 2 disques possibles par bus.

Autre technologie intéressante, disponible sur les PowerMac ! Le système propriétaire ADB (Apple Desktop Bus) pour les périphériques bas débit. Il permettait de chaîner les claviers et les souris, limitant ainsi le nombre de câbles sur le bureau. Là encore, plutôt bien pensé !


Le PowerMac dispose en standard d’un lecteur de disquette 3.5 » de 1,44 Mo, d’un disque dur interne et d’un lecteur CDRom. L’UC était bien conçue et rendait possible l’ajout d’un second disque dur interne. On pouvait aussi étendre les possibilités de l’ordinateur grâce à 2 slots PCI disponibles. Le PowerMac embarquait une carte graphique AV généreuse de 2 Mo, avec des entrées/sorties audio et vidéo standardisées.

Synthèse technique

Le PowerMac 8500 a donc la forme d’une tour comme un petit serveur. Des modèles à l’architecture identique existaient aussi sous la forme “desktop” permettant de glisser dessus, les gros écrans cathodiques. Cette machine embarque un Processeur PowerPC 604e 32 bits, cadencé à 180 Mhz ou 200 Mhz – selon le modèle – avec un bus système 64 bits. La machine dispose d’une ROM propriétaire de 4 Mo, une sorte de BIOS Apple, indispensable au bon fonctionnement de MAC OS.

De base, l’ordinateur est équipé avec 16 Mo de mémoire Vive pour le modèle 180 Mhz, ou 32 Mo pour le modèle 200 Mhz, extensible à 512 Mo. On est bien loin des capacités actuelles mais c’était très suffisant pour faire tourner les applications et les jeux. Évidemment, la mémoire vive pouvait être upgradée ainsi que la mémoire vidéo.

Pour ma part, mon 8500 dispose de 168 Mo de RAM. C’est un modèle 180 Mhz avec un disque interne SCSI de 2 Go, plus un second disque interne SCSI de 1,2 Go. C’est jamais suffisant mais cette configuration est très confortable pour découvrir le PowerMac. Il y a aussi un lecteur de disquette 3.5 » (j’entends ceux qui rigolent ! Non, pas de clef USB !), un lecteur CD-ROM 24x, une carte vidéo ATI avec 2 Mo de mémoire supportant ainsi des résolutions jusqu’à 1280×1024. Et la machine dispose d’un alimentation généreuse de 150 W.

En revanche, il faut noter que l’on remplit rapidement les disques durs, surtout avec les jeux et les applications professionnelles. Il fallait donc avoir des disques durs externes en complément de l’installation… A l’époque, on gravait aussi beaucoup de CDRom pour archiver, une autre méthode pour stocker. Pour ma part, je dispose d’un disque externe SCSI de 320 Mo.


Ah si ! On pouvait aussi connecter des joysticks analogiques et des Pads pour jouer. Cependant, notez que peu de périphériques existaient, le catalogue d’accessoire était un peu pauvre mais surtout plus onéreux que le monde PC.

Pour finir, notons que la machine pouvait être upgradée facilement grâce à ses 2 slots PCI disponibles (le premier étant déjà occupé par la carte graphique initiale). Chose très intéressante à l’époque, on pouvait ajouter, une carte graphique 3DFX Woodoo (le top du top) afin d’améliorer la qualité graphique des jeux. Mais cette carte graphique accélératrice 3D qui utilisait les API Direct 3D et Glide, fût rapidement concurrencée par les cartes GeForce et finalement abandonnée. Malheureusement, je n’en dispose pas sur mon PowerMac, les jeux n’auront pas un rendu graphique extraordinaire… A vrai dire, ça pixelise à mort !!!

Pour terminer, les slots PCI permettaient aussi d’ajouter des cartes SCSI de type 1 ou 2, pour avoir plus de stockage, des cartes réseaux, des cartes pour le montage vidéos, des cartes TV-tuner. Mais attention, les cartes PCI n’étaient pas compatibles avec l’architecture PC Intel. Il fallait donc choisir dans un catalogue spécial Mac et là, c’était toujours plus cher !

J’ai installé MAC OS 8.5 sur mon PowerMac. MAC OS 8 est un OS qui n’a rien à voir avec le MAC OS X que nous connaissons actuellement sur les Mac récents. C’est très vintage mais en revanche très avancé et très proche de ce qu’on connait actuellement. La machine supporte les systèmes Mac OS 7.5.3 jusqu’à Mac OS 9.1. Notez qu’à cette époque, MAC OS était très stable, bien plus que Windows 95. En effet, MAC OS est codé et optimisé pour les PowerPC, ce qui le rend extrêmement stable et rapide. C’est toute sa force. Ceci dit, ça n’empêche pas les applis de planter de temps en temps…

Voilà pour la partie technique…

Jouer sur ce Mac est une drôle de sensation

Côté jeux, le catalogue n’était pas pléthorique mais intéressant tout de même. Nous avions de très bons titres comme Quake, Myst, Doom, SimCity 2000, Flight Simulator, Unreal, The Secret of Monkey Island, Tomb Raider, Fallout, Age of Empire, WarCraft, Might and Magic. Nous avions aussi des petits jeux d’arcade comme PacMac, Jazz JackRabbit, Sam and Max et puis aussi des jeux plus traditionnels comme Chessmaster, Majong et Tetris. On regrette aussi parfois de mauvais portages ou la présence de jeux indépendants pas très qualitatifs.

Il y a avait aussi beaucoup de jeux éducatifs – certains très bien comme les Disney – et d’autres très décevants basés sur des technologies HyperCard. Certains jeux issus du catalogue System 7 tournaient encore, pour peu qu’ils soient compatibles avec la carte graphique. Je pense à Shuffle Puck Caffe, GridWar ou Dark Cattle – jeux monochromes d’une autre génération totalement anachroniques mais géniaux.

J’ai eu l’opportunité d’avoir aussi un PowerMac 7200 avec une carte 3DFX Woodoo, Quake et Unreal étaient fantastiques ! En effet, les cartes graphiques de base étaient assez limitées pour le jeu, d’où la nécessite de s’équiper de cartes graphiques accélératrices. C’est aussi la cause de mon switch vers le monde PC, plus ouvert et moins cher.

Quant au confort avec le matériel de base, il faut batailler avec un clavier pas fait pour le jeu, une souris à un bouton, une machine bruyante et peu d’accessoires pour le gamer. Le clavier de base était quand même bien pourri avec une touche ESC mal placée et un pavé des flèches qui ne ressemblait à rien.

Il fallait donc être très motivé pour jouer à PacMac ou Quake sans une configuration bien préparée, c’est à dire un joystick digne de ce nom et un clavier Apple étendu.

Conclusion

Bon j’avoue, relancer le PowerMac était très amusant. Mais j’ai quand même eu du mal à revenir dessus.
C’est bien de pouvoir regarder dans le rétroviseur car aujourd’hui, on mesure le bond technologique entre ces machines de 96 et celles d’aujourd’hui. En revanche, on remarque tout de même que l’on disposait déjà des applications “premium” que l’on connaît aujourd’hui: Photoshop, Illustrator, AvidVideo, Word, Excel et tout le toutim !!! Du coup, on constate que l’obsolescence se situe plutôt côté Internet.

Pour le jeu, c’est plus compliqué. Si tu voulais jouer à Unreal, Quake, Myst, tu pouvais choisir le Mac ou le PC. En fait, le catalogue de jeu “ordinateur” n’empiétait pas vraiment sur celui des consoles. L’idéal était d’avoir les deux environnements. Et puis, en 1996, il y avait encore les salles d’arcade ! Donc finalement, Oui ! On peut jouer sur PowerMac, mais uniquement pour les jeux que l’on avait pas sur console. Soyons honnête, lorsque l’on avait un Mac, c’était pas vraiment pour jouer ! Alors, je dirais – qu’après ce petit test rétro-computing – j’ai retrouvé cette frustration de gamer de l’époque. Cette impression que le Mac était déjà distancé par le PC Intel même avec une configuration survitaminée, de surcroit très chère !


J’ai essayé de réveiller mon intérêt pour cette vieille architecture au travers du jeu. Malgré la présence de nombreux sites “Abandonwares”, pas facile de vous montrer tout le catalogue. Car, c’est assez difficile de retrouver des jeux et des application en 2018, sans aller vers des complications informatiques liées aux transferts de fichiers. Pour ma part, je disposais de tout le nécessaire pour redémarrer cette machine… et croyez moi, ça n’a pas été simple.

Juste pour votre information, j’ai bon gré – malgré, réussit à sortir cet article et une petite vidéo en surmontant bien des difficultés. Juste 3 mois pour sortir la vidéo ! Le disque dur a lâché pendant le tournage et il a fallu en rechercher un sur Ebay avec des prix parfois délirants ! Un vrai parcours du combattant. J’ai galéré pendant une semaine pour sauver le disque original sur lequel il y avait tous nos jeux et applications. Parfois, l’informatique c’est chiant ! Pouvoir injecter la vidéo et le son vers un boitier de capture vidéo a aussi mis mes nerfs à rude épreuve ! Entre les vieilles applications 68000 qui plantaient, les fichiers manquants, les CD rayés, j’ai eu droit à tout. Une galère sans nom ! Mais nous y sommes arrivés !

C’est ça le rétro-computing !



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